Cet article met en lumière 5 nouvelles dans les communautés de notre partenaire principal au Pérou, les Jeunes Inkas Vivants :

____________________________________________________________________________________________________________________

News novembre 2020

Danielle Meunier

Chargée de projets à Cusco Pérou, pour l’association de « Jeunes indigènes Inkas Vivants ».

Menace de construction d’une route favorisant la mine

Il y a un mois, début octobre 2020, à la dernière assemblée générale de l’association à Rumira Sondormayor, j’ai trouvé des familles inquiètes, ayant à faire des choix et décider sans avoir suffisamment d’informations pour mener à bien les bons choix.

Voici les faits très récents. On voyage jusqu’à la petite ville amazonienne de Acobamba se situant à 3h de la Cuenca Patacancha en empruntant la piste non asphaltée passant par notre vallée, Ollantaytambo, Huilloc, Rumira. Acobamba s’est spécialisée dans la culture de la coca, et est dirigée par une femme bourgmestre cherchant une manière rapide de devenir multi millionnaire. Ces mois-ci, les autorités de Acobamba signent des accords à tour de bras sans consulter les populations concernées par les dommages collatéraux, l’activation de plusieurs exploitations minières et un contrat millionnaire avec des entreprises privées coréennes offrant des fonds pour construire une route asphaltée traversant la Cuenca et, passant par plusieurs de nos communautés, pour relier Ollantaytambo à Acobamba.

Les habitants de la Cuenca ne savent pas trop leur intérêt. Ils hésitent, la communauté de Patacancha par exemple, pense dire oui à la route. Tout ceci divise les communautés. C’est une stratégie bien connue dans les méga-projets ayant un impact sur les populations locales. En supposant « développer » la région via la construction de routes, etc., les compagnies cachant d’autres intérêts derrière. Ce qui peut sembler être bénéfique aux communautés s’avère totalement le contraire. Demain mardi 3 novembre, la communauté de Huilloc organise le vote pour ou contre la route. Dimanche prochain, le vote se fera à Ollantaytambo et Patacancha. Peu à peu nous apprendrons les décisions. Huilloc est ferme : personne ne veut la route. Un groupe de jeunes s’est formé pour lutter contre la route et contre la mine. Quand Huilloc vote contre la route, Patacancha dit trouver un autre parcours par Yanawara et Urubamba.

Cette route asphaltée, est pensée pour que les camions chargés de toxiques, comme le mercure employé par les exploitations minières, transite de la Vallée Sacrée jusqu’à Acobamba. Ce transit est dangereux et provoquera des contaminations. Adieu les projets pour lesquels nous luttons, tourisme, agroécologie, plantes médicinales, reconnaissance par l’Unesco de notre vallée… c’est une menace très importante.

Je suis chargée de projets dans la Cuenca. Ces mois de confinement, je les ai passés à écrire une vingtaine de projets et le résultat est encourageant. L’association inkas vivientes a gagné 6 projets pour une somme de 39 000 euros. Un des projets est financé par les États-Unis, par l ONG GGF (Global Greengrants fund) pour la lutte contre les menaces d’exploitations minières. J’ai rentré le projet en septembre 2019 et en octobre 2020 nous avons reçu le feu vert pour un budget de 5000$ afin de développer des formations, des stages auprès de communautés se trouvant en plein conflit social et environnemental, comme l’est le couloir minier sud de Quispicanchis. Est prévu l’intervention de spécialistes pour réaliser la géoréférenciation des limites de chacune des 12 communautés pour empêcher les conflits et l’entrée d’entreprises privées dans le système de propriété et vie collective. C’est un bon projet qui sera géré par l´actuel Président de la « ronda campesina (1) », Feliciano et Balthazard responsable de la ronda campesina de Ollantaytambo et moi-même. Il faut dire que la gestion de projets est tout à fait inconnue dans les communautés. Là-haut, ils vivent sans internet, sans électricité, parfois, et la principale compagnie est celle des alpagas.  L’idée des membres de la ronda était de prendre les sous et de se les partager… hihihi très marrant. Leur Président, Feliciano leur a expliqué que tous les détails du projet sont écrits et doivent être justifiés fidèlement avec des factures. Ce projet en fait aurait été bienvenu en début d’année 2020, pour conscientiser les communautés, mais les projets sont d’un processus lent.

Une manne de projets pour l’association inkas vivants

Le point de vue sur les choses varie. Un problème peut être en fait une opportunité.

J’ai mis en pratique cette réflexion, me plongeant corps et âme dans l’écriture de projets durant 7 mois de quarantaine tranquille dans cette grande montagne andine. Et les résultats sont positifs.

Voici la liste des projets approuvés par différentes organisations financières :

  1. Lutte contre la mine et la route Ollantaytambo-Ocobamba (ONG GGF). 5000$
  2. Création de remèdes à base de plantes médicinales (Commune de Liège via Identité Amérique Indienne asbl) 4000€.
  3. Production d’un livre sur les symboles inka tissés (Ministère de Culture) 300 €.
  4. Accueil de touristes en sécurité (SST Suisse) 35 cuisines au bois avec cheminée, production de 35 filtres à eaux en céramique, aménagement de potagers, 17000€.
  5. Aménagement de potagers et achats de semences potagères (grâce à Identité Amérique Indienne asbl) 600€.
  6. En 2021, 10 000€ (Europamundo) sécurité des touristes, formation aux premiers soins avec les pompiers, bouteilles d’oxygène, hygiène des maisons, certification officielle.

D’autres petits projets écrits pour le ministère de la culture et non approuvés cherchent encore des appuis en Belgique, en France et en Espagne. Ces projets sont :

Nous cherchons d’autres associations qui adoptent ces projets.

Actions pour une meilleure sécurité alimentaire dans le futur

Pour 2021, nous écrivons un grand projet agroécologique de 2 ans, dans l’espoir qu’il sera appuyé financièrement, pour installer 850 serres de 6/8m pour 850 familles de 8 communautés, contrôle du changement climatique, production de légumes bio et de champignons pleurotes, contre l’anémie profonde des enfants et des femmes. Ce projet contient aussi la lutte pour des semences sans pesticides, en organisant des événements d’échanges de graines locales. Ce projet permettra d’organiser une coopérative entre 8 communautés pour la commercialisation de tous les produits de notre vallée.  Pour éviter l’achat de mycélium de champignons pleurotes nous mettrons en place un laboratoire de production de mycéliums propre à notre vallée. Nous formerons aux rythmes lunaires pour l’agriculture biodynamique. Nous préparerons nos propres soins contre les plaies, insectes nuisibles, mycoses des plantes avec des recettes naturelles et non chimiques. Pour contrôler les sècheresses prévues à long terme, chaque famille produira les 170 000 plants d’arbres natifs nécessaires pour une reforestation géante.

C’est une ONG liée à l’ONU, (PAM, programme alimentaire mondiale) qui a reçu cette année le prix Nobel de la paix, qui financerait les 500 000 € nécessaires pour ce projet futur. A travers ce projet, nous cherchons le développement global de la vallée et la formation des jeunes pour la gestion des projets, vers une autonomie progressive, économique, alimentaire et de santé.

L’avenir de l’activité touristique

Le Pérou vient à peine de rouvrir ses frontières. Les visites de Machu Picchu sont organisées depuis une semaine. L’intérêt est porté au tourisme national et sud-américain La crise covid laissera certainement encore longtemps des traces. Il faudra du temps pour que les voyages internationaux reprennent un rythme normal mais le partenaire principal d'Identité Amérique Indienne, les Jeunes Inkas Vivants, y croit, bien que cette période les a également fait réfléchir sur leurs projets. La résilience leur semble plus que jamais essentielle. Ils tentent de l'atteindre par la diversification de leurs rentrées financières, notamment via le tourisme rural communautaire qu’ils proposent et pour lequel les familles ont fait des investissements. La forme de tourisme que promeut Identité Amérique Indienne asbl dans les communautés est sans danger, il n’y a pas de contamination dans les communautés. Pour le moment, le protocole pour accéder aux communautés est de fournir une preuve que le voyageur n’est pas contagieux. A l’entrée du pays il faut faire une quarantaine de 10 jours.

Appel aux stagiaires ou bénévoles en 2021

La venue de stagiaires belges ou français est bienvenue. Nous avons toujours besoin d’aide bénévole pour les thèmes de tourisme communautaire, agriculture organique, climatologie, reforestation, archéologie, anthropologie, commercialisation des produits, photos, création de coopérative, économie alternative, apprentissage des langues, etc.

news sud de novembre 2020

Contact en Belgique :

projets.sud@idamind.org /   04 250 95 86

Contact au Pérou :

idamind@yahoo.fr /   Whatsapp 00-51-991671700