Je suis arrivé à Huancayo la nuit. Il pleuvait et il faisait froid. J'avais pris le bus à Lima huit heures avant et j'étais fatigué. De plus, j'avais mal à la tête à cause de l'altitude (3.200 mètres).
Pendant trois jours je n'ai pas bougé de la maison car j'avais le mal aigu des montagnes, qu'ici s'appelle soroche. Voilà les beaux symptômes que j'ai eu : mal à la tête, tachycardie et dyspnée.
Toutefois, le repos, beaucoup de glucides et le mate (thé à base de feuille de coca) m'ont aidé à me reprendre.
A partir du quatrième jour j'ai commencé à collaborer avec le CEAR et son équipe. Le Centro d'Apoyo Rural est une association sans but lucratif qui depuis quinze ans travaille pour un développement soutenable avec une attention particulière au secteur agro-écologique. Les actions du CEAR peuvent toucher plusieurs axes comme la souveraineté alimentaire, la conservation de la biodiversité environnementale ou l'agriculture urbaine. Afin dâatteindre ses objectifs l'association utilise différentes méthodes qui vont de l'aide aux producteurs dans toutes leurs démarches au lobbying politique.
Toute l'équipe du CEAR m'a accueilli avec chaleur. Malgré le fait que j'étais le dernier arrivé, un gringo européen, ils m'ont fait sentir immédiatement comme un membre de la famille. Je me suis donc mis à disposition pour les aider dans leur travail. J'ai décidé d'étudier leurs projets en cours et de voir comment je pouvais m'y m'intégrer.
Pour donner une image claire et plus objective possible de la réalité que j'ai pu observer pendant mon séjour à Huancayo, je vais décrire brièvement deux projets. Le premier a été le plus décevant et le deuxième le plus satisfaisant.
Le premier concerne la rencontre/formation sur l'eau potable dans la commune de Huayucachi.
Ici, nous aurions dû faire une présentation et un débat sur plusieurs thématiques liées à la gestion de l'eau avec la participation des producteurs de la région. Les autorités administratives de la ville avaient donné leur appuis et deux ingénieurs devaient intervenir dans le débat, mais, malgré la bonne volonté de l'équipe du CEAR, seulement quatre producteurs étaient présents au rendez-vous. Cela m'a rappelé un peu les mêmes difficultés que j'avais rencontré au Bénin pendant mes recherches pour le mémoire de fin d'année : on peut toujours tout bien organiser mais le fait de se retrouver une salle vide est un risque tout à fait possible dans ces types de projets de développement.
Le projet qui par contre a été le plus intéressant et stimulant a été sans doute celui de la « Bioferia ».
Il s'agit d'un marché local et biologique, créé et organisé grâce à l'aide fondamentale du CEAR. La « Bioferia » se trouve dans la municipalité de El Tambo, un quartier de Huancayo, et existe depuis douze ans. J'ai eu un fort intérêt personnel à me plonger dans ce projet à cause du travail que je fais régulièrement à Liège dans L'Aquilone ASBL. En effet, cette année nous avons aussi créé un marché local dans le quartier d'Outremeuse. J'ai donc visité la « Bioferia », j'ai rencontré les producteurs, j'ai fait des comparaisons entre la « Bioferia » et le « Mercantino de la Passerelle » et j'ai échangé mes connaissances avec celle de l'équipe du CEAR. Ensuite nous avons décidé d'organiser une petite conférence pour présenter mes suggestions concernant les futures développements possibles que les producteurs locaux et le CEAR pouvaient mettre en place parallèlement à la Bioferia. Nous avons donc parlé de l'importance des ateliers de formations, de la visibilité du marché (informatisation et site internet), de la rencontre avec les consommateurs (possibilité de création d'un GAC ou d'une AMAP) et des problèmes liées à la certification biologique. Concernant ce dernier point, les producteurs de la Bioferia ont adopté un système de garantie participatif, sans doute moins cher par rapport à la labellisation biologique (une méthode pas encore bien développée en Belgique).
Jâespère vivement de pouvoir continuer cet échange entre l' asbl où je travaille et le CEAR concernant l'évolution des deux marchés locaux à fin d'améliorer leurs fonctionnements et afin d'atteindre une consommation de plus en plus saine et un développement soutenable de l'agriculture.
Je remercie Danielle et l' I.A.I pour m'avoir donnée l'opportunité de connaître le CEAR et leur travail indispensable pour le future du Perou et du monde entier.
Lorenzo Tamburrini