Récit du voyage de Tourisme communautaire en août 2013, organisé par Identité Amérique Indienne.
Accompagnatrice de voyage, Danielle meunier.

Le voyage

Le premier jour venu, le samedi 3 août, 8 personnes prêtes pour une découverte du Pérou, apparaissent au portail de l’aéroport Jorge Chavez de Lima. Le bon déjeuner abondant à Mano a Mano (ONG Franco-péruvienne www.manoamanoperou.org ) tient lieu de repos après 14h de vol.

Nous rejoignons le bus express Metropolitano qui est la manière la plus rapide de se déplacer dans Lima et ses 11 millions de Liméniens. Dès 10h, lors de la visite du musée d’histoire et anthropologie, les cultures pré-hispaniques prennent place dans nos mémoires, ainsi que les  céramiques dépouillées et les tissages les plus fins au monde. Nous prenons le diner à  l’antique taverne Queirolo,  www.antiguatabernaqueirolo.com  de plus de 100 ans,  référence de la gastronomie de Lima. Nous passons par le centre. Jiron de la Union, les Catacombes de Saint François d’Assise, premier cimetière de Lima….Pour clôturer la journée, les yeux se délectent d’une quantité phénoménale de d’artisanat de toute beauté. Le retour à Comas parait interminable. Conclusion de la journée, Lima en août est une immense ville brumeuse, froide, très polluée, où le trafic est très dense. Nous la quittons le lendemain pour des régions plus « nature ». Gisèle et Jean Marc ont amené au Pérou, de grandes quantités de médicaments. La moitié est donnée à Mano à Mano, pour la pharmacie et le poste de santé de la Ensenada. Le reste des boites sera amené à Shintuya en Amazonie, Chez les Matsiguenka.

Le deuxième jour, le dimanche 4 août, le taxi des 4 hommes du groupe est baptisé papy mobile ! 6h de chemin sur l’impeccable Panaméricaine sud nous amène à Ica. Nous découvrons un nouveau véhicule le « mototaxi ». A Huacachina, un goût de vraies vacances dans l’oasis de palmiers entourée de dunes de sables blancs, soleil et bière rafraîchissante,  ravi tout le monde.

Il nous reste un bout de chemin de 2h pour rencontrer notre mémorable guide local de Nasca, Jésus Erazo, qui nous embrasse avec émotion. Chaque groupe de voyageur devient sa famille pour quelques heures ou quelques jours. Il nous guide comme ses enfants.  Une personne importante a vécu à Nasca, Maria Reiche, protectrice des géoglyphes de Nasca. Désemparée, ne parvenant pas à éveiller l’attention sur les fameuses lignes du désert, Maria Reiche est allée dans les écoles pour éduquer les enfants aux merveilles archéologiques de la Pampa de Nasca. C’est ainsi que Jésus fut un élève de Nasca. Auprès de Maria Reiche, il a mémorisé toute la science de ce patrimoine de l’humanité et transmet sa passion aux nombreux visiteurs.

Le soleil ardent se lève sur le troisième jour, le lundi 5 août, le déjeuner pris au troisième étage de l’hôtel Mirador découvre le paysage montagneux et la plus haute dune au monde 2100m, une dune sacrée qui se déplace. Jésus nous emmène à l’aéroport, dans sa vieille voiture américaine de l’an 40 !
Il nous explique en détail le processus de fabrication, la datation et l’historique des géoglyphes. Le moment est venu pour le groupe de monter dans un grand avion, tout nouveau, plus stable, pour survoler les lignes. Après le dîner, Jésus nous guide à proximité d’une ligne, nous constatons que les lignes n’ont aucune profondeur. Les pierres oxydées, foncées, ont été balayées entre 600 ACN et 200 PCN, laissant apparaître le sable de couleur blanc crème.  Certaines lignes paraissent sombres pour l’accumulation de pierres. Tout le site est resté intact après tout ce temps, car il ne pleut pas. A 18h, notre formation à l’astrologie des anciens Nascas est complétée par une visite au Planétarium Maria Reiche, œuvre de notre ami d’origine Belge, Barthélemy d’Ans. Les différentes hypothèses concernant les mystères du peuple Nasca.  Dans le centre, un autre délicieux moment, la dégustation du Pisco sour, incontournable !

La quatrième journée du 6 août, quelques fruits sont achetés en prévision de la sécheresse. Nous cahotons 2h à travers les roches et le sable du désert le plus sec au monde. Sur le chemin, épars dans le sable, le résultat des fouilles illicites des pilleurs de tombes, les cheveux de momies, les os calcinés.

Le pillage journalier du patrimoine culturel est le plus grand problème à Nasca. L’unique pyramide de Cahuachi, désensablée par l’archéologue Italien Orefichi,  apparaît restaurée un peu mieux, depuis l’an passé. Près de Cahuachi, les Caroubiers sont centenaires.

Cahuachi était un important centre cérémoniel et de pèlerinage composé  de 40 pyramides, construites d’adobes trapézoïdales en argile crue. Elles ont abrité de nombreuses générations de prêtres organisant l’accueil innombrables visiteurs venus de tous les horizons, pour participer aux cérémonies importantes. Les pyramides emmagasinaient les vivres et les cuves de 2000L d’eau nécessaires à l’accueil des pèlerins. Les habitants Nascas prélevaient de leur récolte de maïs, coton, piment et légumes, 10% qui revenaient aux prêtres.  Nous manquons de détails sur la vie de cette époque. Une grave et subite inondation d’alluvions descendues des Andes en l’an 200 PCN a détruit toute cette culture brillante et a enterré pour toujours les céramiques colorées, des plus belles au monde, les tissages colorés les plus fins, tous ses hommes savants et scientifiques, de haut niveau et ces artistes.

Une  visite chez les artisans céramistes, nous montre la technique ancestrale et les symboles Nascas

Dans La dernière visite, les aqueducs de Cantalloc nous démontre que les anciens Nascas,  il y a 2000 ans, dominaient les sciences de l’eau.



 

 

 

 

Le bus de minuit n’arrive qu’à 4h du matin, à cause du renversement d’un camion sur la voie publique, entravant le passage. L’agence de bus nous renvoie à l’hôtel pour nous reposer.  Une chance ! La journée devait être océanique, avec une matinée de navigation sur un bateau de pêche, mais les tempêtes de sable et les grosses vagues en ont décidé autrement La journée fût archéologique...

et ludique!

Le 7 août, quatrième jour, c’est le jour où nous avons roulé les 720 km nous séparant d’Aréquipa la Blanche. Aréquipa compte 3 volcans animant le paysage. Le mobilier de la pension Thelma, les soins prévenants de la vieille dame de la pension, nous rappelle l’ancienne bourgeoisie du siècle passé, amoureuse de La France et de l’Europe. Dans cette pension n’entre que des Européens !

Dans l’après midi, à l’université Catholique de Santa Maria, nous apprenons l’émouvante histoire de la « Momie Juanita, l’enfant inka tombée du ciel», la plus belle momie conservée : une enfant de 13 ans vivant en 1450 PCN, fut retrouvée en 1995 à 6380m d’altitude, sur le mont Ampato, suite à la fonte des glaces dégageant le corps de la fillette. Juanita fut un de ces enfants sacrifiés pour conjurer la colère du volcan en éruption à cette époque là. Les Inkas ont sacrifié des enfants préparés à cet effet depuis leur naissance, dans le but d’apaiser les colères divines lors de catastrophes naturelles.

La matinée du 8 août, cinquième jour, à 2800m d’altitude, à Aréquipa, a été dédiée à la visite du couvent Santa Catalina. Ensuite, nous prenons le bus de Puno qui roule 8h jusqu’ au Lac Titicaca.

Vers 18h, Luis Hoa, notre guide local de la presqu’île de Llachon, nous salue. Encore 2h de camionnette jusqu’à la communauté de pêcheurs. Nous nous installons dans 3 familles et dans les petites chambres garnies de quelques beaux tissages.

Le 9 août, sixième jour à 3800m d’altitude commence par l’émerveillement face au lac ensoleillé et brillant d’un bleu intense. Le petit déjeuné de crêpes chaudes cuisiné avec amour par Antonia…est fort apprécié. Luis, notre guide nous explique l’initiative de tourisme communautaire commencée déjà, depuis 6 ans, dans la presqu’île de Capachica. 57 familles sont concernées. Nous sommes pour 3 jours dans l’association Illary Tours où 3 familles accueillent chez elles.

Luis montre les outils agricoles, la bêche andine ou Taquitaklla, le pic à butter ou aukhona, la charrue ou runa arma, pour produire les aliments comme la Ollucllo, la oca, la Quinoa, la fève de marais, le maïs, l’orge et la pomme de terre. Luis a un âne, 3 brebis, 2 cochons, une poule, un chien. La famille se compose de l’épouse de Luis, Antonia, Christian le fils, Maria la grande fille, Myriam la petite de 3 ans et le nouveau né d’un mois, Luis Fernando. Luis cultive un ha répartis sur plusieurs parcelles. Les part sont propriétés privées de la famille et sont héréditaires. L’agriculture est pratiquée 5 ans, suivie de 5 ans de jachère. Un mixte d’engrais compost organique et aussi chimique est employé.

Luis nous explique tous les vêtements tissés par la communauté, les chemises, pantalons, bonnets de laine, jupes, châle, chapeaux etc… Nous sortons dans la cour où les 3  familles  se  mobilisent pour une démonstration de tissage.

La grand-mère installe son métier à tisser. La tante réalise une fine ceinture ornée de dessins stylisés. Les voyageurs se choisissent les sacs, bonnets, écharpes et gants colorés qui serviront dans l hiver de Belgique.

Un tour dans deux barques nous sert à poser les filets de pêche que nous relèverons demain.

La soirée se termine par l’essayage de vêtements des habitants de Llachon. Un concert de flûtes mandolines et tambours jouant les musiques traditionnelles commence.

Autour d’un feu de bois,tous ensembles, nous dansons des danses en cercles. Laurence, la plus jeune du groupe excelle à faire virevolter sa large jupe dansant devant les flammes.

Que de bons souvenirs !

Le 10 août, le 7ème jour, les plus courageux montent à 7h30 dans les bateaux pour relever les filets. Nous sommes en saison basse de l’hiver. Les poissons sont descendus dans les eaux profondes plus chaudes. Seulement 4 poissons sont emmêles dans les filets. Un gros poissons chat le Murri, 2 petits jaunes, Carachis, et un petit Ispi sont amenés à Antonia.

Les poissons sont servis avec le Chuño pomme de terre liophylisée gelée et ensuite déshydratée au soleil. Cette technique millénaire conserve les pommes de terres durant un an et demi.

Une balade emmène tout le petit monde en montagne au point culminant. Pendant ce temps, la famille organise la pachamanca, ou « casserole dans la terre » technique de cuisson à l’étouffée dans un trou chauffé par les pierres cuites à rouge.
Tant de bonne cuisine et tant de bons produits !



Après la gastronomie, les visites. Nous montons dans un gros bateau nous emmenant aux îles flottantes « Balcero Uros de Titino », ces étonnantes îles créés par accumulations successives de « Jonc du chaisier », où les familles vivent de pèche, et de vente d’artisanat.

Le 11 août, le 8ème jour, après les adieux touchants à la petite famille de Luis, nous filons sur la route très longue de 8h en bus pour arriver à Cusco. Les paysages des hauts plateaux sont de toute beauté, impressionnants.

A la tombée de la nuit, nous arrivons à la Casa Campesina où nous réintégrons nos chambres.

Déambulant sur la grand -place et dans les étroites rues, nous trouvons un bon restaurant Européen, de la région basque !!!!

 


Le  12 août, le 9ème jour, la camionnette préparée par notre guide local Daniel Pauccar, de l’association Inkas vivants, charge nos bagages. Nous prenons la route pour visiter les alentours de Cusco et ses nombreux sites archéologiques. Saqsayhuaman est grandiose avec ses 3 murailles superposées, gigantesques en forme de zigzag, représentant l’éclair de la tempête. (On y reconnais une forme de lama).

Q’enko avec son souterrain à l’ombre, où les cultes rendus aux morts importants de la culture inka momifiait les corps. Pucapucara, forteresse sentinelle qui veillait sur la vallée sacrée. Tambomachay, où le culte à l’eau était rendu.  Sur le chemin, nous entrons à Awana Kancha,  projet textile et  collectif de 27 communautés locales montrant les  lamas, alpagas, vigognes sauvages et Guanacos. La finesse des tissages exposés au magasin est unique, extraordinaire. Il faut dire que cet art n’est pas reconnu, ce que l’on nomme ici artisanat, avec déférence, égale certainement le travail de nos artistes tisserands reconnus. La camionnette s’arrête sur le temps de midi, pour se sustenter au  buffet andin. C’est l’occasion pour Miluska, chargée de projets de l’association Inkas vivants, de faire plus ample connaissance avec le groupe. C’est aussi le moment choisi pour remettre 400€ de dons à leur association, de la part des donateurs généreux d’ IAI. Cet argent sera versé au fond rotatif d’aide aux jeunes étudiants Inkas. Notre route se dirige alors vers Calca et Lares, pour atteindre les bains chauds médicinaux en plein air. A la tombée du jour, cet endroit magique et réconfortant nous comble de plaisirs aquatiques.

Le groupe se scinde en deux ceux qui marchent en montagne et ceux qui visitent plus en profondeur la vallée sacrée. Les 5 qui marchent demain se couchent à l’hôtel de Lares. Les 4 autres se coltinent la  longue route jusqu’à Ollantaytambo.

Le 13 août, le 10ème jour, Daniel Pauccar, notre guide local de Cusco, diplôme en tourisme, nous mène sur le chemin des tisserandes andines.

Les alpagas nous accompagnent à distance, Une jeune  tisserande nous offre la chicha de maïs fermenté, une famille fabrique les adobes d’argile qui serviront à construire la maison, les petites filles improvisent leur étalage contenant des bouteilles de coca et fanta, détonnant dans le paysage. L’ascension vers le but du jour, la communauté de Huakawasi sise à 3900m est atteinte en 4h de marche.

Le chemin n’est pas difficile, mais la haute montagne n’est pas notre milieu. C’est l’altitude qui nous fatigue ! Le soir couché, le grand froid nous saisi. Une vague de froid ces jours là, a envahi tout le continent…peut être l’activité solaire dont on parle ?  La famille d’accueil  est très pauvre, les matelas sont installés sur des socles cimentés. Notre installation d’une nuit est fort spartiate. Le froid, la terre battue, le dénuement, l’austérité,  nos dérangements intestinaux, la difficulté de dialogue à cause de la langue et de la timidité, tout cela, ne fut pas très aisé, il faut le dire ! Mais notre visite fut équitable, pour le moins. Nous avons apporté quelques vivres, les draps de lits, de la vaisselle nouvelle, et nous avons payé l’hospitalité de la famille.

Le 14 août, le 11 ème jour, la poule était morte de froid et nous aussi, par la même occasion. Dans cette communauté, un important mouvement de tourisme non équitable, andinistes recherchant la haute montagne envahi la communauté tous les jours de l’année. Des agences de voyage de Cusco, s’occupe des groupes de touristes fournissant  les tentes,  les cuisiniers, les victuailles, les chaises et les tables, portées à dos de mule et de porteurs. L’indécence de ces groupes est de passer, de s’installer une soirée, une nuit dans la communauté, de laisser les déchets et de ne laisser aucune participation économique. Les personnes de Cusco ont même des mots injurieux envers les autochtones. Les deux mules accompagnées depuis 3h du mat par Don Exhaltacion de La communauté de Patacancha arrivent.

Notre ascension jusqu’au Col de Pachakutek nichant à 4100mest régulière. Pour certains, comme moi, la mule est nécessaire.

Nous sommes impressionnés par l’aveugle cavalcade d’un cheval apeuré par la résonance et les bonds du bidon de plastique qu’il porte sur le dos. Il se croit attaqué par derrière par un puma ! Impressionnés mais sans mal.

Les hauts sommets dénudés s’étendent à perte de vue. Les oies sauvages et sacrées des Inkas,chloephaga melanoptera  les wallatas blanches et noires virevoltent pas loin.  Elles forment un seul couple, si leur compagnon meurt elle ne le remplace pas.

Passé le col, pour remercier les dieux tutélaires andins du bon déroulement de notre voyage, nous nous asseyons sur la minuscule flore adaptée à l’altitude, pour réaliser un « pagapu » ou une offrande à la terre mère ou pachamama.

Les tissages typiques de la communauté de Patacancha, rouges contrastés de blanc et bleu se déplient. Les offrandes y sont déposées,  des feuilles de coca, de la graisse de lama, des graines, du maïs, de la laine, et d’autres choses naturelles

. L’officiant enferme l’offrande dans le tissage et nous la passe à chacun pour que nous expressions nos intentions, nos pensées et notre souffle. Le tout est enterré dans les roches, toutes proches. La descente de la montagne continue jusqu’à Patacancha.

L’accueil de la communauté se déroule dans la maison d’Exhaltacion, une soirée culturelle avec feu de bois dans la cheminée improvisée, un concert de mandoline et la mélopée aiguë des jeunes filles nous assoupit.

Le 15 août, le 12ème jour, Au réveil, nous montons les bagages dans la camionnette et tout le groupe est réunit, à nouveau. Nous descendons dans la communauté de Huilloc.

Une affluence est en train d’arriver, des gens de partout s’installent  avec leur sac plein de IcChu, les graminées andines servant à couvrir les toits.

Aujourd’hui, c’est la fête et tous ensembles, on tresse les graminées pour en faire des tresses, des cordes, des filins. Ce travail collectif a comme but, le remplacement de l’ancien toit de l’église. A la fin de la journée, l’église sera couverte de nouveaux chaumes.

A pied, nous rejoignons un cirque naturel, en fait le fond asséché d’une lagune. Nous sommes accompagnés du paquot, shaman de 108 ans.

Le pourtour de la lagune est surmonté de constructions de pierres où reposent les restes humains des « gentilles » les anciens de l’endroit.


Tout le groupe ensemble, cette fois, nous refaisons l’offrande à la Pachamama, avec le centenaire guérisseur.

 

Les fileuses tisserandes du village exposent leurs œuvres et chacun achète les travaux de fils teints naturellement.  C’est vraiment dans les communautés vivantes, que l’on peut constater que le langage indigène en Amérique du sud est présent dans le tissage.

Les symboles dessinés se sont transmis depuis 520 ans, de génération en génération.

Il y a 6 ans, Patacancha, était isolé, la route n’arrivait pas. Cette route a amené l’accessibilité des jeunes à l’école, les jeunes filles ne vont en classe que depuis 6 ans. Les diplômes sont décernés, les jeunes filles trouvent des emplois dans les municipalités, et les grands chamboulements culturels succèdent les uns aux autres. Abandon de la langue, arrêt de la fabrication des vêtements et des tissages, tant de changements en si peu de temps.  Les enfants se sont concertés pour montrer timidement la danse des Wallatas, oies sacrées.


Depuis le matin, Une  Pachamanca est organisée pour que nous emportions avec nous le pic nic inka dans le train de Machu Picchu. Les papas natives, le maïs, la viande de Lama tombe à pic, dans ce train qui serpente la vallée sacrée de Vilcanota. A la gare d’Aguas Calientes, nous prenons le bus jusqu’à la porte de Machu Picchu où nous attend Edgar yepez notre guide spécialisé dans la visite en Français du sanctuaire Inka. 3h pour visiter cette merveille du monde, patrimoine de l’humanité, c’est peu. La matinée était de toute manière pluvieuse et brumeuse. C’est donc à la bonne heure que la visite eut lieu. Le retour en train. Arrivée à l’hôtel Las Portadas d’ Ollantaytambo vers 22h, fatigués.

Le 16 août, le 13 ème jour, une journée légèrement moins chargée se lève sur Ollantaytambo. Après le déjeuner, c’est la visite du site grandiose d’Ollantaytambo, puis Le retour à Cusco.  Une journée libre dans le centre, une bonne douche et un repos bien mérité à la casa campesina, auberge soutenant de nombreux projets de développement paysans. Nous préparons le petit sac amazonien pour le lendemain.

Le 17 août, le 14 ème jour, début d’un séjour de 4 jours en Amazonie, la zone appelée « Le Parc national du Manu, Réserve de Biosphère, patrimoine naturel reconnu internationalement. Notre expédition est composée du guide Juan Manuel Redondo, de Sara la cuisinière et du conducteur. Juan est agronome et connaît bien cette région d’Amazonie.

La route passe par la petite ville coloniale de Paucartambo. Elle  monte au col de Acjanaco à 3560m. Sur la descente, nous sentons enfin la température tiédir. La route tranquille nous amène à la halte pour le repos, Bamboo Lodge. Un exemple de construction en bambou très réussit. Enfin nous nous endormons dans la chaleur humide agréable, sans insectes turbulents.

Le 18 août, le 15ème jour, Nous visitons le jardin où sont cultivées les feuilles de coca, la route tranquille passe par le terrain d’une famille  à Assuncion  qui conserve les animaux en difficultés.

Nous avons l’occasion d’observer un Jabali (sanglier), une tortue, un capibara…

Nous passons par Pilcopata où vivent plusieurs peuples indigènes, les Huaychipayna et le Matsigenka. Fin de matinée, nous arrivons au port fluvial (du fleuve Alto Madre de Dios) d’Atalaya.

Nous attendons dans la maison de Cecilio,  gérant de « Puma’s Tour » le piroguier. Sa maison est entourée de grands arbres où les tisserins, grands oiseaux jaunes et noirs jacassent comme des pies.

Nous embarquons dans la pirogue à moteur.

Les pics nics organisés par Sara sont parfaits. Elle s’y connaît dans les soins aux voyageurs ! Le ronronnement monotone du moteur, la chaleur, la moiteur, la verdeur environnante nous enveloppe et nous tranquillise. A Chaque détours du fleuve s’exhibent les papillons géants, les Morphos bleus, les aigrettes des hérons, les Martins pêcheurs brillants, les perroquets caqueteurs. Bien des merveilles de la nature se dévoilent.

Nous arrivons chez Ayda, et son frère qui ont construit de leur main l’auberge « Aguas Calientes » C’est une maison sur pilotis, 5 chambres nous hébergent. Après avoir enfilé les maillots, le groupe rejoint la lagune dans l’obscurité, pour un bain d’eau chaude d’origine volcanique.

Dans la nuit, la lumière des lucioles, grandes de 10 cm  éblouissent comme les feux de voitures. Sara nous sert le souper dans la vaste salle de restaurant. Juanmanuel nous explique le problème des indiens Mashco. Ce peuple indigène a décidé de ne pas contacter les « civilisés ». Ils restent en marge sur le territoire de la réserve du Manu. On ne sait pas bien pour quelle raison, actuellement, les Mashco sortent de la forêt, font des signes, et visiblement veulent sortir de l’isolement. Leurs voisins en forêt ont compris leur intention. Le gouvernement ne prétend pas écouter leur intention, disant que les approcher c’est les condamner à  mourir de grippe et autres maladies. Les Mashco occupent actuellement le centre de santé du Shaman Mattéo Italiano…. Qui a du évacuer les lieux, lui et sa famille. Juanmanuel nous explique aussi à la lueur de la chandelle, les nombreuses histoires chamaniques. Peu à peu nous sombrons dans un sommeil bercé du bruit lancinant des insectes, des oiseaux, des batraciens bruyants et dialoguant dans la nuit.

Le 19 août, le 16ème jour, le levé est fixé pour ceux qui le veulent à 5h du mat. En pirogue, nous atteignons l’autre rive et nous sortons sur le sable, guidé par le frère de Ayda. Nous nous installons dans les abris et les affûts construits en face des Collpas d’animaux.

Ces Collpas sont des centres de vie, où la terre glaise contient beaucoup de sels minéraux. Elle a bon goût, sans doute, car des centaines d’oiseaux, deux sortes de perroquets différents se pressent pour manger l’argile. Après ce déjeuner bien matinal, Ils peuvent avaler sans problème et sans distinction, les graines et bais agressives pour l’estomac. Nous observons les oiseaux de couleur pendant une heure et rejoignons le reste du groupe qui ont fait grasse matinée. Pendant la balade en foret jusqu’aux cascades, nous observons les papillons géants, les dizaines d’Oatzin, oiseaux préhistoriques bleutés avec une crête, très remarquables.

Revenus a la maison, Ayda, expose les objets d’artisanat qu’elle a fabriqué. Les colliers de graine, les lances de bois…Dernière opération avant de lever le camp, c’est la traduction des notices de médicaments, que Gisèle et Jean Marc ont amenés en quantité.


Comme nous allons dans la communauté de Shintuya, Nous laisserons les boites de médicaments entre les mains du médecin du poste de santé. Sur le chemin, nous croisons des jeunes bénévoles batifolants dans les eaux du fleuve. C’est leur jour d’adieu à la forêt d’émeraude. Ce sont des dizaines de jeunes volontaires engagés pour une période de recherches scientifiques pour l’association anglaise Crees Foundation. Les recherches du centre d’enseignement de l’Amazonie  portent sur la faune et la flore, sur l’environnement.

Le 20 août, le 17ème jour, une bonne nuit passée dans le vacarme et la tiédeur du paradis vert, et sans tarder nous empruntons la pirogue de Cecilio, pour rejoindre la communauté indigène Amaracaeri de la famille Aramkbut. Ce fut l’occasion de déposer les médicaments au docteur du poste de santé. Merci Gisèle et Jean Marc. Ce fut également l’occasion d’apprendre une nouvelle horrible et déprimante.
Hier, la communauté a signé une convention avec l’entreprise pétrolière américaine Hunt Oil consortium, pour l’exploitation du pétrole dans les blocks pétroliers de « 15mille » tout proches !!
Devant ce futur drame, une chose est certaine, il faut former un cercle de défense et d’action !Nous déposons la cuisinière Sara, au centre Crees, où elle fait la cuisine.
Le retour de la pirogue ne se fait pas aisément, le niveau de l’eau est très bas, il nous faut débarquer et rembarquer 4 ou 5 fois pour alléger le bateau. Jean se met en maillot pour une aide musclée à l’équipage qui pousse et tire, les cuisses immergées dans les rapides dévalant. C’est une occasion pour observer les oiseaux des berges et prendre le poul de cette Amazonie menacée. Nous arrivons au port d’Atalaya et à la maison de Cecilio. Nous reprenons la route en sens inverse vers Cusco. Le seul inconvénient fut un retard de 2h, provoqué par un glissement de terre juste un peu avant d’arriver à Paucartambo.  Nous  arrivons en soirée à la Casa Campesina, pleins de souvenirs dans la tête et quelques piqûres d’insectes.

Le 21 août, le 19éme jour, Au lever du jour, nous reprenons notre gros sac et roulons en taxi vers l’aéroport où notre avions s’envole à 8h. Vers midi, à Lima, nous reprenons place dans les chambres de Mano A Mano. Après le dîner préparé par l’équipe de l’association, nous partons en bus jusqu’à la Ensenada, la barriada appuyé par l’équipe Française de 33 personnes dans la région du perche. Les Français gèrent un gros projet de 22 milles Euros… Le projet consiste en la formation d’un groupe de femmes célibataire, sans emploi, pour leur mettre en main, le métier de maçon constructeur. Le sol de Lima est très sableux et instable. De ce fait, Avant de créer quoi que ce soit, il faut stabiliser le sol en construisant des murs de contention.


C’est ce que les femmes de Mano A Mano font tous les jours. L’association leur permet aussi de continuer des études, terminer les primaires, entamer les secondaires. Tout ce travail social change la vie des femmes et les valorise, les sort de l’ornière où elles se trouvaient. L’administration péruvienne du projet se trouve à Comas, où nous logeons. Les bureaux vont déménager au premier. Avec des fonds de Belgique, de l’ONG Talitha Koum, l’hébergement touristique se construit à l’étage, avec des douches chaudes et une cuisine. Le rez de chaussée entier sera réservé aux cuisines, boulangeries et salles de restaurant. Ces activités amènent des fonds propres servant à payer les salaires des 17 personnes employées à Mano A Mano, les psychologues suivant les enfants de la ludothèque, de la bibliothèque, les animateurs de stages de vacance, de la ludothèque et école de devoir, les comptables, administrateurs, juristes etc…

Le 22 août, le 20ème jour, le moment de faire ses adieux au Pérou est venu, le taxi amène toute la troupe à l’aéroport pour prendre ensembles un dernier café. L’arrivée en Belgique sans encombres est le 21ème jour!