News Pérou « Du microcosme au macro », par Danielle meunier

 

17 juin pour édition juillet 2020

 

Pour resituer comme à chaque fois le contexte, les news concernent le partenaire Sud principal d’Identité Amérique Indienne, les 35 membres Quechuas de 4 communautés proches d’Ollantaytambo (Province de Cusco), la vallée de Huilloc-Patacancha, et les travailleurs, volontaires et coopérants qui appuient l’association des Jeunes Indigènes Inkas Vivants.



Nouvelles de Danielle (volontaire responsable de projets Sud) et Marc (coopérant chargé de marketing)

Ce n’est pas souvent mon habitude de parler de moi, mais cette fois je commence par ça. Pour la première fois, la pension belge m’a versé un pécule de vacances : Cela coïncide avec la découverte d’un petit logement doublé d’un terrain de 10m2. Et donc ce pécule me donne l’opportunité de vivre au sommet de Cusco dans la communauté de Huallarccocha (proche de Saqsaywaman) et de construire peu à peu une nouvelle initiative environnementale personnelle, une serre de production de légumes bio, en prévision de la crise économique qui s’approche irrémédiablement. Ici, elles sont peu nombreuses les initiatives de protection de la nature et bien que j’aie professé durant 30 ans en Belgique comme guide nature et que notre centre nature se porte très bien, je ne me sens pas fatiguée. Je me lance ici également… le nom de ma serre pédagogique sera « Organ-inka » on verra si ma nouvelle aventure se déroule bien.  Cette nouvelle aventure sera la continuité de mon apport aux changements planétaires, continuer à enseigner les bonnes idées pour chouchouter notre biodiversité.

Marc Fesler et Griesel, son épouse vénézuélienne, restent jusqu’ à fin décembre à Cusco pour son travail de coopération avec moi et avec l’association de jeunes indigènes Inkas Vivants. Ils attendent la naissance de leur premier fils la semaine prochaine. Pour eux deux aussi, voici une nouvelle expérience, une nouvelle vie qui commence.

 

Nouvelles des membres Inkas Vivants (étendues à 4 communautés, soit 35 familles ou 400 personnes du peuple Quechua)

Le confinement au Pérou se prolonge jusqu’ à la fin du mois de juin, ce qui nous mènera à 108 jours d’arrêt total, bien qu’on ait aussi entendu jusqu’ à septembre. Dans la vallée il n’y a pas de contamination. Personne n’est malade. L’arrêt total consiste :

- Pour les conducteurs de mini bus des communautés : pas de travail de déplacement durant 2 mois et récemment, autorisation de transports à 50%, c’est à dire 7 passagers, pas plus.

- Pour les cuisiniers et porteurs du chemin de l’inka : plus de travail du tout, le tourisme est à 0.

- Pour nos 35 familles qui pratiquent le tourisme communautaire : aucune rentrée de tourisme.

- Pour ceux qui travaillent à la municipalité ou au chemin de fer : ils restent à la maison sans travail, sans rentrées économiques.

Le problème est principalement économique. Depuis 93 jours, les habitants de la vallée sont allés en famille aux champs, pour récolter et cultiver tout le nécessaire pour manger sainement. Nos membres ne meurent pas de faim mais le sucre, le sel, l´huile, le riz, les céréales, blé, Kiwicha, les farines, etc. manquent. Ce samedi 20 juin, le conseil d’administration se réunit pour traiter deux points importants.  Le premier point est la proposition de Marc d’utiliser 500 euros d’un prix gagné en Suisse pour acheter plusieurs sacs de 50kg de sucre, sel, farines, riz, etc… à distribuer aux membres dès la fin du confinement, soit le 1 juillet.

Le second point à traiter est la proposition de l’association « Macaplanet » de Bruxelles qui a aménagé un magasin de tissages ethniques et est prête à faire la commercialisation des tissages réalisés par 40 femmes tisserandes membres de l’association. Bonne nouvelle ! Une bonne organisation interne pour bien faire les choses.

L’autre embuche pour les familles est le problème des études de la jeunesse. Les jeunes ont quitté Cusco au grand plaisir des familles réunies, les loyers de Cusco sont difficiles à payer et les parents rapatrient les meubles de leurs étudiants. Les cours sont donnés à distance, par programmes virtuels créés par les professeurs… c’est beau en théorie, mais les familles n’ont pas les fonds pour payer internet et tous ne le peuvent pas. Le réseau est très lent et les élèves ne parviennent pas à charger leurs cours, leurs documents. Le Président du Pérou a bien promis des tablettes et internet gratuit pour chaque jeune des régions rurales, mais c’est la grosse farce. C’est un bel éléphant blanc qu’on aimerait réel, mais, malheureusement, autour des gestions gouvernementales, il y a beaucoup de mensonges. Les habitants de la vallée comme tout péruvien devait recevoir une subvention de 100 à 200 euros par famille. Mais seulement 60% des habitants de la vallée a reçu cette subvention bienvenue.

Le positif est que nous devrions bientôt recevoir une subvention de l’ONG Talitha Koum de Bruxelles pour un second projet d’EDUCATION. Cela pourra sans doute apporter des solutions.

 

Nouvelles de la pandémie Covid 19 qui affecte le Pérou et le système de santé du Pérou

Il y a 3 mois, le Pérou était cité comme exemple par l’OMS (Organisme mondial de la santé), pour être le pays qui a réagi le plus efficacement contre la pandémie. Et Comment 90 jours plus tard, notre pays, après le Brésil, est le second pays le plus infecté d’Amérique du sud ? Nous atteignons les 6 870 morts à cette heure. Pourquoi ? Les causes sont politiques. Le problème est la constitution écrite par le dictateur Fujimori en 1993 en faveur des privatisations, des multinationales et du système de contrôle par les banques, du système de santé et des assurances du pays. La santé est entre les mains de quelques banques étrangères. La privatisation est la meilleure formule pour donner toutes les richesses du Pérou au profit de quelques familles et de transnationales.

Le système de santé publique (SIS, système intégral de santé) est destiné aux personnes qui vivent dans la pauvreté totale. Les médecins qui travaillent pour ce système sont des héros, ils ont trop de patients et sont face à une bureaucratie qui réduit leur temps auprès de chaque patient. Le Pérou a démonté son système de santé publique progressivement.

Le système privé de la santé est géré par les banques. L’assurance coûte 750 euros mensuel alors que le salaire vital minimum est de 220 euros + un peu plus,  atteint avec de petits boulots informels. La consultation se paie 30 euros et j’en paie 10 euros, cela parait merveilleux. Si tu es infecté, il faut faire les analyses et acheter les médicaments dans le service privé, et cela coûte dix fois plus cher. Mais pour que les frais soient reconnus par le service il faut payer au propriétaire de la banque. C’est un abus, nous ne sommes plus des patients, nous sommes devenus des clients et nous payons cher.

8 millions de travailleurs qui ont un salaire fixe (28% de 32 millions de Péruviens) sont affiliés à ESSALUD qui évidemment reçoit un apport immense de ces 8 millions de travailleurs. En 83 ans, Essalud, fut privatisé peu à peu par tous les Présidents antérieurs. Essalud, actuellement, c’est le système bancaire.  Les banques ne paient pas d’impôts car elles sont dans des paradis fiscaux. Le privé, ce qu’il veut, c’est de l’argent. Il est marqué dans la constitution du Pérou que l’état ne peut intervenir ou entrer en compétition avec le privé. Ce qui résulte, que, sans rien en dire aux péruviens, l’état se charge des services « peu rentables », comme les dialyses, les cas de cancer, le sida, les activités préventives et le privé se réserve la chirurgie, et tous les actes médicaux qui font gagner des millions.  Ce qui est public est accusé de mauvaise gestion et va bientôt tomber aux mains des privés.

Et « patatras », alors est apparu Covid 19. L’entreprise privée ne s’est pas impliquée dans la pandémie, car elle dit que le travail de prévention (Covid 19) n’est pas un bon commerce. Aucun hôpital privé n’a offert de services aux malades ou alors à des prix exorbitants. Les hôpitaux privés sont vides.  Au Pérou, nous avons 123 lits du traitement du virus et en Colombie il y en a 5000 ! Il n’y a pas de liberté de presse, ceux qui parlent de reprise du virus sont menacés de prison.

Voilà la raison du fiasco total de la gestion de la pandémie. La corruption du Pérou est bien pire que le virus. En 3 mois, au moins 3 générations futures de péruviens sont endettés par l’intervention de ce Président non élu Martin Vizcarra.  Pour ne citer que quelques vols manifestes : les 70 000 euros des réserves du Pérou ont disparus ; les jeux Olympiques panamericanos ont couté 5000 millions, beaucoup trop ; sans rien demander aux péruviens, le Président a passé un accord avec le FMI pour un prêt de 11 millions de dollars qui ne bénéficient pas au peuple mais aux 20 grosses entreprises multinationales. 4000 fonctionnaires ont reçu des paniers de vivres et les communautés sont abandonnées à leur triste sort.

En plus de la santé, ce gouvernement actuel au service des multinationales, interdit, menace tout le marché local pour favoriser les supermarchés et grandes surfaces qui vendent toutes les marques étrangères. A Lima, l’immense marché Gamarra qui produit et vend les vêtements et tissus de production nationale est fermé, pour détruire le marché péruvien du vêtement. Les multinationales soudoient pour avoir leurs marques et marchés assurés, une place au soleil, les môles, Ripley, Salavella... Le covid 19 a servi à ça ici au Pérou : assassiner le marché local et appauvrir encore plus les petits producteurs. D’ici peu, l’état rachètera surement, après la pandémie et les banqueroutes généralisées, toutes les petites entreprises ruinées à cause d’une quarantaine de 100 jours et plus.

(En Belgique, cela nous est arrivé il y a 30 ans. Aujourd’hui, dans les banlieues, il n’y a plus de librairies, de petits commerces, de légumiers, de bouchers et on ne se souvient même plus)

Le Covid a servi également à installer les fameuses antennes 5G système d’extermination massive d’humains, d’animaux et de plantes. Certains l’ont bien compris ici, le peuple indigène Chopqa de Huancavelica a brulé l´antenne récemment installée. A Cusco aussi une antenne a été brulée et c’est une bonne résistance pour la vie, qui se passe en Angleterre et en Italie.

 

Pour plus d'information, voici deux articles intéressants du CNCD 11.11.11. et du New York Times